Les drones russes ont endommagé plus de 2000 bâtiments d’habitation en Ukraine
La guerre en Ukraine a offert aux drones une nouvelle vie : bien que des systèmes sans pilote coûteux soient utilisés depuis longtemps par les armées des pays de l’OTAN, c’est depuis le déclenchement par la Russie de la guerre à grande échelle que les drones sont devenus une branche distincte des forces armées russes et occupent une part de plus en plus importante des armes présentes sur le champ de bataille.
Les Russes, en suivant l’exemple des Ukrainiens, ont également commencé à produire et à acheter en masse des drones, qui sont souvent utilisés pour attaquer des cibles civiles dans différentes villes d’Ukraine. Et avec une diminution des stocks de missiles, les drones kamikaze deviennent le principal instrument pour attaquer les centrales électriques et terroriser la population ukrainienne.
Au cours de cette guerre, l’armée russe utilise les modèles de drones suivants :
- Orlan-10. C’est l’un des drones russes les plus répandus, conçu pour la reconnaissance, la surveillance et la correction des tirs d’artillerie. L’Orlan-10 peut voler à haute altitude et recueillir des données sur les positions ennemies, ce qui en fait un outil précieux pour l’armée russe.
- Forpost. Ce drone est une copie du Searcher-II israélien, produit en Russie sous licence. Le Forpost est utilisé pour la reconnaissance et la surveillance à moyenne portée et peut rester en altitude jusqu’à 16 heures.
- ZALA 421-16E. Il s’agit d’un drone miniature conçu pour la reconnaissance à courte portée et la collecte de données en temps réel. Sa taille compacte lui permet d’être utilisé dans des espaces confinés et sur des terrains difficiles.
- Eleron-3. Ce drone est utilisé pour la reconnaissance tactique à courte portée. Il peut être lancé manuellement et il est très mobile, ce qui lui permet d’être déployé rapidement en conditions de combat.
- Takhion. Ce mini-drone est utilisé pour recueillir des renseignements sur les champs de bataille. Il peut être lancé depuis une catapulte et est capable de surveiller dans toutes les conditions météorologiques.
- Lantset. C’est un drone d’attaque kamikaze, utilisé pour détruire des cibles au sol et qui peut rester en vol stationnaire jusqu’à 40 minutes dans l’attente d’une cible. Il dispose d’un système de guidage de haute précision et peut détruire efficacement les équipements et les infrastructures de l’ennemi.
- Le KUB-BLA est le prédécesseur du Lantset, c’est aussi un drone d’attaque kamikaze équipé d’une charge explosive, qui peut être utilisé pour des frappes de précision contre des cibles stratégiques.
- Le Granat-4 est un drone de reconnaissance et de surveillance à moyen rayon d’action. Il peut voler sur de longues distances et transmettre les informations recueillies en temps réel.
- Le Shahed-136 (Geran-2). C’est un drone kamikaze iranien, lui aussi produit en Russie. De longue portée, il est conçu pour détruire des cibles militaires et civiles.
Pour les attaques contre des cibles civiles, des appareils tels que le Shahed-136 (Geran-2) et le KUB (Lantset-3) sont utilisés. Selon les informations recueillies par l’initiative T4P, ces drones ont été utilisés pour commettre au moins 3147 crimes en Ukraine. Leurs frappes ont fait 276 blessés et endommagé un grand nombre d’infrastructures civiles.
Dommages causés par les frappes de drones
Les frappes ont notamment endommagé :
- 238 locaux d’entreprises : magasins, usines, etc.
- 76 établissements d’enseignement : écoles maternelles et élémentaires et universités
- 34 institutions publiques, y compris des bâtiments administratifs
- 2087 bâtiments d’habitation
- 26 infrastructures de transport, dont des routes, des ponts et des voies ferrées
- 22 hôpitaux
- 124 installations telles que les systèmes d’approvisionnement en eau, en électricité et en chauffage
- 171 véhicules appartenant tant à des particuliers qu’à des organisations, notamment des ambulances et des véhicules d’aide humanitaire
Géographie des frappes
Les frappes ont été menées dans toute l’Ukraine, mais certaines régions ont été plus touchées que d’autres :
- La région de Zaporijjia est celle qui a été la plus touchée, avec 1643 frappes. Cela s’explique par l’importance stratégique de la région.
- La région de Kherson a reçu 546 frappes ce qui s’explique par sa situation à proximité de la ligne de front et par la présence de centres de transport importants.
- La région d’Odessa : 336 frappes, notamment en raison de son importance en tant que port maritime et centre logistique.
- La région de Dnipropetrovsk : 146 frappes, du fait de l’importance industrielle de la région qui abrite des installations industrielles importantes.
Pourquoi détruire des cibles civiles ?
L’utilisation de drones pour attaquer des civils poursuit plusieurs objectifs :
- Faire peur à la population. Les attaques constantes créent une atmosphère de peur et d’incertitude qui démoralise les gens et affecte leur résistance psychologique.
- Destruction des infrastructures civiles. La destruction de bâtiments, d’écoles, d’hôpitaux et de bâtiments administratifs complique grandement la vie et le fonctionnement normal des communautés.
- Détruire les infrastructures de survie. Les attaques contre les systèmes d’approvisionnement en eau, en électricité et en chauffage visent à priver les populations de conditions de vie basiques, ce qui rend la situation particulièrement critique en hiver.
Conséquences pour la population ukrainienne
Les conséquences de l’utilisation de drones pour attaquer des cibles civiles sont catastrophiques. Outre les destructions physiques qui portent directement atteinte à la vie et à la santé humaines, ces attaques posent d’autres problèmes :
- Crise humanitaire. La destruction massive de bâtiments d’habitation oblige les gens à fuir leurs foyers, créant ainsi un flux important de personnes déplacées et de réfugiés.
- Pertes économiques. La destruction d’infrastructures et d’entreprises entraîne des pertes d’emplois et une baisse de l’activité économique. Le travail du secteur des services est rendu difficile par les pannes de courant et la nécessité de fermer pendant les alertes.
- Stress psychologique. Le fait de pouvoir être quotidiennement attaqué par des drones crée une pression considérable sur les habitants des villes et des villages, en particulier dans les régions de première ligne, où le temps de réaction est minimal.
Les attaques de drones menées par l’armée russe ne doivent pas être perçues comme « plus légères » ou moins dangereuses que d’autres attaques. Tout comme les frappes de missiles ou d’artillerie, elles causent des dommages importants aux entreprises ukrainiennes et à la vie quotidienne des civils, et le faible coût de ces drones leur permet d’être utilisées en masse, causant des destructions encore plus importantes par leur nombre que des tirs isolés de missiles coûteux et puissants.
Édition : Denys Volokha