Les nôtres sont à la maison: 207 Ukrainiens revenus de captivité
« Les nôtres sont à la maison. 207 gars. Nous les ramenons, quoi qu’il arrive. Nous nous souvenons de tous ceux qui sont en captivité. Soldats comme civils. Nous devons tous les ramener. Nous y travaillons », a écrit Volodymyr Zelensky sur sa chaîne Telegram.
Parmi ceux qui ont pu être libérés figurent des civils et des militaires, notamment des médecins de l’usine métallurgique de Marioupol et d’Azovstal, des défenseurs de l’île Zmiïnyï et deux frères qui avaient été capturés. Un soldat dont la femme et la fille ont été tuées lors d’une attaque au missile à Dnipro rentre également chez lui.
« Nous avons pu sauver le sergent Zakhar de la captivité ennemie. Il était tombé aux mains de terroristes russes avec son épouse Tetiana après avoir été évacué d’Azovstal en mai 2022. Moins de six mois plus tard, Tetiana avait été échangée et avait pu rejoindre l’Ukraine, elle s’était alors installée à Dnipro avec ses deux filles. Mais le 14 janvier, les Russes ont tiré un missile sur l’immeuble où vivait la famille. Tetiana est morte sous les décombres avec sa fille cadette et la mère de son mari. Aujourd’hui, leur fille aînée Rouslana, âgée de 19 ans, attend le retour de son père », a indiqué le Centre de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre.
« Les soldats de retour au pays vont recevoir un dîner chaud, des vêtements propres, un examen médical, récupéreront leurs documents, se verront attribuer des cartes bancaires, puis suivra un cycle de rééducation », a souligné le médiateur Dmytro Loubinets.
L’attente de l’échange avait été assombrie par le crash d’un avion de transport IL-76, survenu le 24 janvier dans la région de Belgorod. Les autorités russes affirment que l’avion transportait 65 prisonniers de guerre ukrainiens destinés à être échangés et rejettent la responsabilité du crash sur les forces armées ukrainiennes. Par le biais de médias de propagande, les Russes ont diffusé une « liste des Ukrainiens morts », qui a par la suite révélé des incohérences, notamment le nom d’un prisonnier déjà échangé le 3 janvier.
Par ailleurs, les photos du site du crash diffusées par la Russie ne montrent pas les corps des victimes. Les Russes ont annoncé que seuls trois soldats russes gardaient les Ukrainiens dans l’avion, ce qui soulève également des questions. Or, d’après les témoignages de prisonniers de guerre précédemment libérés, les gardes étaient beaucoup plus nombreux lors des échanges précédents. L’Ukraine a demandé à l’ONU de mener une enquête indépendante sur le crash. Cependant, la Russie a refusé d’autoriser des experts internationaux à enquêter sur l’accident de l’IL-76, comme l’indique le Service de sécurité d’Ukraine. La partie ukrainienne souligne que la Russie ne l’avait pas avertie du projet de transport de prisonniers par cet avion précis et via l’itinéraire que les Russes utilisent habituellement pour livrer des armes au front.
Il est à noter que selon l’article 46 de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre, « la puissance détentrice prendra toutes les précautions utiles, notamment en cas de voyage par mer ou par la voie des airs, pour assurer leur sécurité pendant le transfert et elle établira, avant leur départ, la liste complète des prisonniers transférés ».
Au cours de l’échange, des Ukrainiens qui auraient dû être échangés le 24 janvier ont été libérés, à l’exception des 65 personnes que la partie russe déclare décédées, a indiqué à Ukrinform Andriy Youssov, porte-parole de la Direction principale du renseignement du ministère de la Défense. La partie ukrainienne n’a toujours pas de preuves de la mort des prisonniers de guerre ukrainiens, et la Russie n’a pas rendu les corps de ceux qui sont annoncés comme morts.
Pour rappel, le dernier échange de prisonniers avait eu lieu le 3 janvier, jour où 230 citoyens ukrainiens, militaires et civils, étaient rentrés chez eux. Il s’agissait du premier échange après une longue pause qui avait duré cinq mois. « Parmi ceux qui sont rentrés, il y avait à la fois des personnes reconnues comme prisonniers de guerre (182 personnes) et des militaires ukrainiens considérés comme disparus au combat (48 personnes) », avait indiqué le 3 janvier le Centre de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre. « La plupart des personnes libérées étaient des hommes (225), et il y avait 5 femmes. Il y avait 213 soldats et des sergents, et 11 officiers ». Parmi eux se trouvaient des défenseurs de Marioupol, de « Azovstal » et de l’île de Zmiïnyï. 90 % des prisonniers libérés le 3 janvier avaient été torturés en Russie.
« Ils sont plutôt en mauvaise santé, car ce n’est pas en captivité russe que l’on peut se refaire une santé, et c’est un euphémisme. La plupart d’entre eux ont besoin d’une rééducation, voire d’une aide médicale immédiate. Certains souffrent de maladies chroniques qui nécessitent également des soins médicaux », avait déclaré Petro Yatsenko, chef du service de presse du Centre de coordination, à l’issue de l’échange du 3 janvier dernier.
Depuis le début de l’invasion à grande échelle, 3035 défenseurs hommes et femmes ont déjà été sauvés de la captivité russe. Au total, selon le Centre de coordination, on sait avec certitude que plus de 8000 Ukrainiens sont encore en captivité : il s’agit de militaires et de civils dont la localisation a été confirmée. « Mais il reste des dizaines de milliers de personnes, tant des civils que des prisonniers de guerre, qui sont officiellement portées disparues », a déclaré Youri Taraniouk, un représentant du Centre de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre cité par Interfax.