La Russie capture des enfants ukrainiens dans le cadre de la ‹ première vague de déportations ›

Comme on le craignait, la Russie et ses partisans locaux refusent de ramener les enfants ukrainiens qui avaient envoyés en vacances ou en formation en Russie ou en Crimée occupée.
Halia Koïnach10 Novembre 2022UA EN ES FR IT RU

Обстріл Запоріжжя 9 жовтня 2022 (фото: Державна служба України з надзвичайних ситуацій). Дітей вивозять до Росії (фото з пропагандистського ЗМІ) Zaporizhzhia bombing 9.10.2022 (photo: State Emergency Service of Ukraine). Children being taken to Russia (photo from propaganda media) Bombardement de Zaporijjia le 9 octobre 2022 (photo : Ministère des Situations d’urgence d’Ukraine). Des enfants sont emmenés en Russie (photo issue des médias de propagande) Обстрел Запорожья 9 октября 2022 года (фото: Государственная служба Украины по чрезвычайным ситуациям). Детей вывозят в Россию (фото из пропагандистского СМИ)

Bombardement de Zaporijjia le 9 octobre 2022 (photo : Ministère des Situations d’urgence d’Ukraine). Des enfants sont emmenés en Russie (photo issue des médias de propagande)

Comme on le craignait, la Russie et ses partisans locaux refusent de ramener les enfants ukrainiens qui avaient envoyés en vacances ou en formation en Russie ou en Crimée occupée.

Des parents d'enfants emmenés depuis Energodar (région de Zaporijjia) vers la région de Krasnodar ont été informés que leurs enfants resteront en Russie pour une durée indéterminée. Dmitro Orlov, le maire d'Energodar, affirme que ces parents reçoivent des messages leur demandant d'envoyer des vêtements chauds et sont « assurés » que leurs enfants seront scolarisés en Russie. Au fond, les enfants sont retenus en otage et seront « conditionnés » par le pays qui mène une guerre contre leur propre pays.

Commentant la situation des enfants d'Energodar, Ivan Fedorov, le maire de Melitopol, a déclaré que les tentatives des envahisseurs russes à Melitopol d'envoyer les enfants en Crimée occupée ou en Russie ont échoué en raison de la résistance des parents. Fedorov met en garde les parents ukrainiens vivant sous occupation contre le fait de confier leurs enfants. « Il y a une forte probabilité que les Rascistes les utilisent comme boucliers humains et ne les ramènent pas ».

Cette tactique a déjà été observée dans les zones de la région de Kharkiv qui ont été occupées jusqu'à début septembre. Lors d'une conférence de presse le 24 octobre, Yuriy Sobolevski, premier vice-président du Conseil régional de Kherson, a rapporté que la Russie détenait de force des enfants des zones occupées de Kherson et de Zaporijjia. Les « administrations » russes des villes occupées affirment que les enfants seront rendus à leurs parents, qui devront pour cela venir les chercher dans différentes régions de Russie et en Crimée occupée pour les récupérer. Il est très probable qu'après cela, les parents et les enfants seront empêchés de retourner en Ukraine. Sobolevski est convaincu que la Russie a pris ces enfants en otage. Il affirme que les Russes ont organisé la déportation des habitants de la région de Kherson en plusieurs vagues, et que le déplacement des enfants ukrainiens doit être considéré comme la première vague. Selon lui, la Russie utilise ces tactiques pour améliorer sa propre situation démographique désastreuse, et considère ces enfants ukrainiens comme des futurs combattants de l'armée russe.

Le Centre pour le journalisme d'investigation s'est entretenu avec des personnes qui sont persuadées qu'il est impossible de faire revenir les enfants. Une femme de Henitchesk (région de Kherson), interrogée sous couvert d'anonymat, a déclaré que les envahisseurs avaient tenté de justifier le refus de lui restituer ses enfants en évoquant des raisons de sécurité, la région de Kherson étant actuellement dangereuse. Ces tentatives de justification sont non seulement cyniques, puisqu'elles viennent de l'État agresseur, mais aussi évidemment fausses, car la Russie empêche les Ukrainiens de se rendre sur les territoires contrôlés par l'Ukraine.

Il n'y a aucun lieu de croire que la Russie se soucie des intérêts des enfants eux-mêmes, et dans certains cas, les parents ont complètement perdu le contact avec leurs enfants.

Halina Louhova, chef de l'administration militaire de Kherson, appelle les parents à résister à toute tentative visant à les contraindre à envoyer leurs enfants en Russie ou en Crimée occupée. Elle déclare ne pas comprendre comment des parents peuvent accéder à cette demande et remettre un acte de naissance de leur enfant, et de l'envoyer « en vacances » quand on voit que les enfants sont emmenés sous la menace d'une arme.

Si l'on en croit le « ministère russe de l'éducation de la région de Kherson », lors du seul mois d'octobre, 2500 écoliers ont quitté la région de Kherson pour se rendre dans des « sanatoriums » en Russie.

Des informations font état de situations similaires dans certaines localités de la région de Kharkiv, où les parents ont expliqué avoir donné leur accord pour que leurs enfants soient emmenés par souci de leur sécurité et de leur bien-être mental en temps de guerre.

On notera que la Russie crée délibérément cette situation de choix : soit les enfants sont envoyés sur le territoire de l'État agresseur, soit ils restent exposés aux dangers de la guerre en cours et aux traumatismes psychologiques qui y sont associés. Les envahisseurs rendent également excessivement difficiles et dangereux les déplacements depuis les zones occupées des régions de Zaporijjia et de Kherson vers les territoires contrôlés par le gouvernement ukrainien, ainsi que la réinstallation dans ces territoires. Oleksandr Staroukh, le chef de l'administration régionale de Zaporijjia, a ainsi déclaré le 27 octobre que seules 90 personnes avaient pu quitter la région au cours des dernières 24 heures.

Le 24 octobre, à un poste de contrôle, les Russes ont ouvert le feu sur une voiture transportant deux enfants. Le conducteur et son fils ont été tués, seule la petite fille a survécu.

De tels actes de terreur, de même que les bombardements russes impitoyables sur des cibles civiles, mettent en évidence le cynisme qui se cache derrière les affirmations des occupants selon lesquelles ils retiennent les enfants en Russie ou en Crimée occupée dans un souci de leur sécurité.

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