Synthèse des événements des 270 premiers jours de la guerre de grande ampleur russo-ukrainienne dans la région de Kharkiv
Le groupe de défense des droits humains de Kharkiv documente les crimes internationaux (génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre) qui auraient été commis par les occupants russes dans la région de Kharkiv.
Nous publions une synthèse des événements qui ont eu lieu dans la région de Kharkiv pendant les 270 premiers jours de la guerre totale entre la Russie et l'Ukraine (24 février — 20 novembre 2022) et qui ont été documentés par le Groupe de défense des droits humains de Kharkiv dans la base de données de l'initiative T4P.
Une description détaillée des événements survenus dans cette période du 24 février au 20 novembre 2022 et des liens vers les sources d'informations originales sont disponibles dans les chroniques quotidiennes des événements de cette période.
La version intégrale de cette publication est disponible sur le site internet du Groupe de défense des droits humains de Kharkiv (GDHK).
Informations générales sur les incidents documentés
Au total, 7215 incidents ont été documentés par le GDHK sur le territoire de la région de Kharkiv en 270 jours. Une majorité d'entre eux (2515) a été documentée sur le territoire de la ville de Kharkiv.
Sur le territoire de la région de Kharkiv, le plus grand nombre d'incidents s'est produit dans le district d'Izioum : nous avons collecté des données sur au moins 1814 incidents. En outre, une quantité importante d'événements documentés sur le territoire du district de Kharkiv (au moins 1349) peuvent être préliminairement qualifiés comme présentant des signes de crimes internationaux probablement commis par les envahisseurs russes.
586 incidents ont été enregistrés sur le territoire du district de Tchouhouïv de la région de Kharkiv, 547 dans le district de Koupiansk, 345 dans le district de Bohodoukhiv, 42 dans le district de Loziv, et 14 dans celui de Krasnohrad.
Lors de la collecte d'informations, le groupe de défense des droits humains de Kharkiv priorise les contacts personnels avec les victimes directes ou les témoins de crimes de guerre, ce qui permet de documenter efficacement les données qui pourront être utilisées lors de futures procédures judiciaires.
De plus, avec le consentement de la personne contactée par le GDHK, son histoire peut également être enregistrée sous forme d'interview et publiée sous forme de texte sur le site internet du Groupe de défense des droits humains de Kharkiv dans la section « Voix de la guerre » et sous forme de vidéo sur la chaîne YouTube de l'organisation.
Informations sur les victimes civiles
Sur cette période de 270 jours, le GDHK a recueilli des informations sur au moins 2 879 incidents impliquant des pertes parmi les civils ou des violations des droits des civils.
Au total, les enquêteurs et les journalistes ont pu recueillir et traiter des informations sur au moins 5541 personnes victimes de crimes de guerre commis par les envahisseurs russes. Parmi ces personnes, selon nos données, au moins 144 étaient des enfants[1].
Entre le 24 février et le 20 novembre 2022, le Groupe de défense des droits humains de Kharkiv a documenté au moins 682 incidents entraînant la mort de civils, et a collecté concernant ces incidents des informations sur 1389 décès de civils, dont au moins 61 étaient des enfants.
En outre, pour la période étudiée, des informations sur au moins 595 incidents ayant entraîné des blessures ou autres atteintes à la santé ont également été recueillies, faisant 1643 victimes civiles dont au moins 74 enfants.
Dans sa version complète, la publication du GDHK fournit des données statistiques sur la documentation de cas de disparitions de civils, mais aussi de viols et autres violations des droits humains.
Informations sur les infrastructures civiles endommagées par les opérations militaires
Pendant ces 270 jours, le GDHK a pu collecter dans la région de Kharkiv des informations sur la destruction ou la dégradation d'au moins 6271 infrastructures civiles suite à des opérations militaires.
En particulier, le GDHK a recueilli des informations sur des dommages causés à des bâtiments résidentiels, éducatifs, sanitaires et récréatifs, commerciaux et industriels, ainsi qu'à des monuments historiques et bâtiments à caractère artistique et religieux.
Selon nos données, au moins 3605 bâtiments résidentiels, 292 bâtiments éducatifs, 67 bâtiments médicaux et récréatifs et 855 bâtiments d'affaires et commerciaux ont été endommagés ou détruits dans la région de Kharkiv.
Informations sur les types d'événements documentés pendant la période étudiée
Du 24 février au 20 novembre 2022, dans la région de Kharkiv, parmi tous les événements documentés, les bombardements ou les tirs d'obus ont été les plus nombreux, avec un total de 4618 incidents.
Il y a eu une augmentation relativement importante du nombre de cas documentés de disparitions : 1387 incidents et 1710 victimes ont été enregistrés au cours de la période étudiée. Il y a également eu 157 cas de torture ou de traitements inhumains au cours de cette période, dont 141 ont été répertoriés au cours des trois derniers mois.
Dans le cadre de son processus de collecte d'informations, le GDHK procède à une pré-qualification conformément aux dispositions du Statut de Rome de la Cour pénale internationale. La version complète de la synthèse fournit des informations statistiques sur le nombre d'incidents documentés et pré-qualifiés.
Conclusions
Après une analyse des informations documentées, on peut affirmer que pendant la période étudiée, ont eu lieu un nombre important d'événements qui peuvent être préliminairement qualifiés de crimes internationaux probablement commis par les occupants russes.
En particulier, l'analyse de l'ensemble des données collectées nous permet de qualifier à titre préliminaire ces événements de crimes de guerre au sens de l'article 8 paragraphe (2) alinéas (a) et (b) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, de crimes contre l'humanité au sens de l'article 7 paragraphe (1) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, et de génocide au sens de l'article 6 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Le groupe de défense des droits humains de Kharkiv continue de documenter, de compléter et de rechercher des informations afin de former, de présenter et d'argumenter des positions juridiques dans des procédures d'enquêtes criminelles internationales et auprès des institutions judiciaires internationales.
La collecte d'informations continue. Si vous pouvez fournir des informations supplémentaires, merci d'utiliser ce formulaire.
La version complète de cette publication est disponible en ukrainien sur le site du GDHK.
L'auteur tient à remercier toute l'équipe du Groupe de défense des droits humains de Kharkiv, sans le travail concerté et dévoué duquel l'élaboration de cette synthèse n'aurait pas été possible.
[1] Les informations sur le nombre d'enfants victimes sont en cours de vérification.