‹ Les Russes s'amusaient à détruire les bâtiments anciens ›. Témoignage d'un habitant d'Izioum sur l'occupation de sa ville natale

Serhiy a été touché par des tirs d'obus à fragmentation et il a dû ramper, seul et blessé, jusqu'à l'abri le plus proche pour obtenir de l'aide. Il est convaincu que les Russes ont bombardé la ville alors qu'ils l'occupaient déjà.
Mikola Tsipko08 Novembre 2022UA DE EN ES FR IT RU

Сергій Дубінський був поранений в окупованому Ізюмі © Дмитро Мирошниченко Serhiy Doubinsky a été blessé pendant l’occupation d’Izioum © Dmitro Mirochnitchenko

Serhiy Doubinsky a été blessé pendant l’occupation d’Izioum © Dmitro Mirochnitchenko

Serhiy Doubinsky est né et vit à Izioum, il a des problèmes de santé depuis son enfance et souffre d'un handicap. Bénéficiaire d'une protection sociale, il travaillait comme agent de sécurité dans un complexe sportif et parvenait à subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère malade.

Le 14 juillet 2022, à 11 heures, il revenait du marché. À cette période, les forces armées russes occupaient déjà Izioum, mais continuaient à bombarder périodiquement la ville, cherchant à la détruire le plus possible.

La veille, le père de l'épouse de Serhiy avait été blessé par une mine terrestre anti-personnelle. L'aviation ennemie en avait dispersé sur près d'un tiers du centre-ville et des environs. L'homme a heureusement survécu, mais a été blessé à la jambe.

C'était dangereux d'être à découvert, dans la rue, dans les maisons ou même dans les abris. Mais Serhiy devait se rendre chez sa mère âgée qui l'attendait.

Ізюм © Оксана Комарова Izioum © Oksana Komarova

Izioum © Oksana Komarova

La première explosion s'est produite assez loin de lui et il n'a pas été touché. Mais ensuite, des bombes à sous-munitions, pouvant contenir plusieurs projectiles, se sont mises à pleuvoir, et Serhiy a été projeté au sol par un effet de souffle. Il ne pouvait plus se lever : il avait reçu des éclats d'obus dans la cuisse gauche, mais il a tout de même trouvé la force de se déplacer en rampant, s'aidant de ses coudes et de son genou indemne, jusqu'aux immeubles les plus proches. Là, des gens l'ont aidé : ils lui ont donné à boire, ont soigné ses blessures, l'ont bandé du mieux qu'ils ont pu. Dix minutes après la fin des bombardements, Serhiy a été pris en charge par une ambulance – en effet, même sous l'occupation, des équipes médicales ukrainiennes continuaient à sauver la vie de toutes les victimes. Au total, au moins 14 personnes ont été blessées. On ne sait pas s'il y a eu des morts.

— C'était des tirs intentionnels : ils ont bombardé le département de l'éducation, des crèches, des écoles, la caisse des retraites, etc., dit Serhiy.

— Ce sont bien les forces russes qui ont tiré, alors qu'elles occupaient la ville depuis longtemps déjà. Ils s'amusaient simplement à détruire les bâtiments anciens.

Ізюм © Національна поліція Izioum © Police nationale

Izioum © Police nationale d’Ukraine

À l'hôpital central du district, le personnel médical a soigné les blessures de Serhiy et fait des radiographies. On lui a donné un fauteuil roulant, qui lui a permis de se rendre enfin chez sa mère. Par la suite, des voisins qui avaient une voiture l'ont conduit au centre médical pour refaire ses pansements. La blessure a cicatrisé, mais le nerf est resté endommagé.

— On manquait de médicaments pendant l'occupation, explique Serhiy. Ce n'est qu'après la libération de la ville par l'armée ukrainienne qu'il a pu enfin recevoir un traitement adéquat, lorsque l'hôpital a pu être de nouveau approvisionné en médicaments et avec le retour des médecins spécialistes.

Ізюм © Оксана Комарова Izioum © Oksana Komarova

Izioum © Oksana Komarova

Les innombrables crimes contre l'humanité commis par les forces d'occupation russes sont terrifiants. L'Europe n'avait pas été confrontée à de telles atrocités depuis longtemps. Ce mal absolu, à l'instar d'une tumeur cancéreuse, s'est développée rapidement et est devenue de plus en plus populaire parmi les citoyens de la Fédération de Russie. Ils ont soutenu activement le lancement de la prétendue SVO, « Opération militaire spéciale » visant à dénazifier l'Ukraine. Les occupants ont peint ces lettres latines sur les murs et les voitures... Mais ces monstres en ont également inscrit, tailladé sur des animaux vivants... Ils ont délibérément détruit la ville d'Izioum et sa population civile.

Serhiy dit :

— Il faudrait plusieurs jours pour raconter toutes les horreurs que les Russes ont commises... Et ça sera impossible de les oublier !

Сергій Дубінський розповідає, як росіяни обстрілювали місто заради розваги © Дмитро Мирошниченко Serhiy Doubinsky explique que les Russes ont bombardé la ville pour s’amuser © Dmitro Mirochnitchenko

Serhiy Doubinsky explique que les Russes ont bombardé la ville pour s’amuser © Dmitro Mirochnitchenko

Aujourd'hui, Serhiy vit avec sa mère, en maison individuelle. Ils ont trois chiens dehors, amis fiables prêts à les protéger et à leur donner de la chaleur lorsqu'ils sont tristes. Les problèmes de communication, le manque d'électricité et l'approche de l'hiver rendent les gens plus résistants, les obligeant à trouver des matériaux pour se chauffer, ainsi que des produits d'hygiène de base et de la nourriture. Mais les gens restent confiants et sont très heureux de la libération de la ville par les forces armées ukrainiennes !

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