63 corps d'Ukrainiens torturés par les occupants russes ont déjà été retrouvés dans la région libérée de Kherson

Dans les districts libérés de la région de Kherson, 11 lieux dans lesquels les occupants russes retenaient en captivité des civils ukrainiens ont déjà été découverts.
Halya Coynash20 Novembre 2022UA DE EN FR IT RU

One of the premises used by the Russians for imprisoning and torturing Ukrainians in Kherson. Photo, Security Service of Ukraine Kherson, un local utilisé par les Russes pour la détention et la torture. Photo: Forces armées ukrainiennes Одно из помещений, которые россияне использовали для лишения свободы и пыток украинцев в Херсоне. Фото: СБУ

Kherson, un local utilisé par les Russes pour la détention et la torture. Photo: Forces armées ukrainiennes

Selon le ministre ukrainien de l'Intérieur, Denys Monastyrsky, 11 lieux dans lesquels les envahisseurs russes détenaient des civils ukrainiens ont déjà été découverts dans les territoires libérés de la région de Kherson. On sait que dans quatre de ces lieux, les Russes torturaient leurs prisonniers. Monastyrsky a également déclaré que les corps de 63 victimes des occupants avaient été retrouvés et que leur exhumation était en cours. 436 affaires pénales ont été ouvertes pour des cas où il y avait des éléments constitutifs de crimes de guerre. Le ministre de l'intérieur a toutefois souligné que les enquêtes ne faisaient que commencer et que d'autres lieux de torture et d'inhumation de corps seront certainement identifiés.

En se retirant, les envahisseurs ont laissé des mines partout, y compris dans les locaux qu'ils utilisaient pour la détention et la torture. L'un de ces lieux, qui a été depuis déminé, est le centre de détention provisoire de la police de Kherson, dont les cellules contiennent encore les effets personnels des victimes des envahisseurs.

Les Russes avaient recouvert les murs d'affiche de propagande, ainsi que de paroles de chansons de propagande, que les prisonniers avaient apparemment l'ordre d'apprendre par cœur. Il y avait aussi des marques gravées par les prisonniers pour compter les jours, et un des otages a écrit en ukrainien : « Si tu sors d'ici vivant, tu ne voudras pas revenir. Et tu rêveras d'oublier cet enfer de douleur, mais tu n'y arriveras pas, quoi que tu fasses ».

Kherson Temporary Holding Unit where the Russian invaders held Ukrainian prisoners. Photo, Taras Ibragimov / Suspilne Centre de détention temporaire de Kherson, où les occupants russes retenaient les prisonniers ukrainiens. Photo Taras Ibragimov, Suspilne Херсонский изолятор временного содержания, где российские оккупанты держали в плену украинцев. Фото: Тарас Ибрагимов, Суспільне

Centre de détention temporaire de Kherson, où les occupants russes retenaient les prisonniers ukrainiens. Photo Taras Ibragimov, Suspilne

Parmi les photos du centre de détention de Kherson prises par Taras Ibragimov, photographe de Suspilne, figure une photo d'un téléphone de campagne. À en juger par d'autres lieux où les envahisseurs ont détenu des civils, il semble que ce téléphone ait été utilisé pour torturer les prisonniers à l'aide de décharges électriques, des fils étant attachés aux parties sensibles du corps.

Ces photos incluent également un détail révélateur sur les Russes qui ont pris le contrôle de Kherson en mars 2022. Dans une des pièces du centre de détention sont entreposées de nombreuses machines à laver, des cuvettes de toilettes et d'autres articles que les envahisseurs avaient clairement pillés dans les maisons. Comme on l'avait vu tout d'abord dans la région de Kyiv, les envahisseurs volaient absolument tout, mais le fait qu'ils aient pu voler des machines à laver pour les ramener ensuite en Russie (ou les revendre en Belarus) indique que ces pratiques criminelles de pillage étaient à tout le moins tolérées par le commandement militaire russe.

Kherson Temporary Holding Unit where the Russian invaders held Ukrainian prisoners. Photo, Taras Ibragimov / Suspilne Centre de détention temporaire de Kherson, où les Russes retenaient des Ukrainiens en captivité. Photo Taras Ibragimov, Suspilne Херсонский изолятор временного содержания, где российские оккупанты держали в плену украинцев. Фото: Тарас Ибрагимов, Суспільне

Centre de détention temporaire de Kherson, où les Russes retenaient des Ukrainiens en captivité. Photo Taras Ibragimov, Suspilne

Le 16 novembre, le Service de sécurité ukrainien (SBU) a déclaré qu'une autre « cellule de torture » avait été découverte à Kherson après la libération. Ils n'ont pas précisé son emplacement, mais ont publié des photos montrant des objets susceptibles d'avoir été utilisés pour la torture, tels que des masques à gaz (utilisés pour la torture par strangulation).

La jubilation qu'ont exprimée les habitants de Kherson en accueillant les forces armées ukrainiennes ainsi que les célébrations quotidiennes sur la place de la Liberté n'ont laissé aucun doute sur le niveau de résistance à l'occupation russe. Dès le premier jour de l'invasion, les Russes avaient commencé à traquer tous ceux qu'ils soupçonnaient être pro-ukrainiens et les enlèvements se seraient, semble-t-il, intensifiés au cours du mois qui a précédé la retraite russe. Bien que dès le début, des fonctionnaires (dont le maire de Kherson, Ihor Kolykhaev), d'anciens combattants ukrainiens de la guerre du Donbass, des proches de soldats défendant actuellement l'Ukraine, des volontaires et des militants civiques aient été victimes d'enlèvement, ça pouvait toucher n'importe qui.

Kherson Temporary Holding Unit where the Russian invaders held Ukrainian prisoners and kept their stolen goods. Photo, Taras Ibragimov / Suspilne Centre de détention temporaire de Kherson, où les envahisseurs russes retenaient des Ukrainiens prisonniers et entreposaient les biens volés. Photo Taras Ibragimov, Suspilne Херсонский изолятор временного содержания, где российские оккупанты держали украинцев в плену и хранили награбленное. Фото: Тарас Ибрагимов, Суспільне

Centre de détention temporaire de Kherson, où les envahisseurs russes retenaient des Ukrainiens prisonniers et entreposaient les biens volés. Photo Taras Ibragimov, Suspilne

L'un des aspects choquants de l'invasion russe est que la libération d'un territoire occupé n'entraîne pas nécessairement une libération des otages civils. Les envahisseurs ont emmené de nombreux captifs en Crimée occupée, où ils ont mis en scène des « procès » politiques et « condamné » des personnes à de longues peines de prison, et continuent de mettre en place de telles « procédures judiciaires ». Parmi les personnes capturées figurent l'ancien capitaine de la marine Oleksiy Kisseliov, l'écrivain, journaliste et militant Serhiy Tsyhipa, et Irina Gorobtsova. Les Russes ont également pris pour cible les Tatars de Crimée, avec dix personnes déjà condamnées à des peines allant jusqu'à dix ans de prison ou qui risquent de l'être sur la base d'accusations surréalistes et totalement illégales.

Alors que les corps de certaines des victimes torturées par les Russes ont été découverts il y a des mois, comme ceux des patriotes et volontaires ukrainiens, Denys Mironov et Vitaliy Laptchouk, de nombreux Ukrainiens ont tout simplement disparu. Aujourd'hui sûrement, de très nombreuses familles attendent anxieusement des informations sur les corps découverts récemment.

Partager l'article